Le Monde Nouveau

Cardinal Sarah, Africain, parle de la liberté réelle…

Cardinal Sarah : le feu sacré !

Dans son dernier ouvrage Le soir approche et déjà le jour baisse, Mgr Sarah décide de souffler avec les trompettes de Jéricho dans les oreilles de l’Occident. Difficile d’enlever ce goût de cendre dans la bouche. De cette cendre de Notre-Dame de Paris qui se consume au moment où j’écris ces lignes, des cendres du crépuscule de notre civilisation européenne que Mgr Sarah souhaite pourtant sortir de sa torpeur.

Et, s’il le fait, c’est que la vérité nous rendra libres. Cette vérité niée au nom d’une liberté démonétisée. « La liberté n’est-elle pas la fille de la vérité qui la conduit à faire le bien et à chercher le beau ? […] La liberté occidentale est un théâtre d’ombres ! La véritable liberté est une conquête, une lutte concrète qui demande le dépassement de soi, la discipline et l’effort. […] La liberté est une flamme qui éclaire. »

Mgr Sarah, c’est l’homme africain qui veut sortir l’homme européen, l’Occidental, de la spirale de décadence et d’autodestruction qui le ronge. Fin connaisseur de la médiacratie (qu’il désigne comme telle), il sait que ses origines raciales lui permettent de parler vrai : contre le capitalisme, l’immigration incontrôlée, la culture de mort, la décadence et les scandales de l’Eglise.

Face à « la torpeur, l’aigreur et la fuite dans l’agitation », symptômes de l’acédie qui paralyse notre civilisation, Mgr Sarah délaisse la langue de buis « car les barbares ne sont plus aux portes des cités et sous les remparts. Ils sont aux postes de gouvernement et d’influence ».

Paradoxe de notre société malade que de se voir aussi bien diagnostiquée par un Africain nous demandant de redevenir nous-mêmes. Lui qui se proclame volontiers le fruit d’une colonisation heureuse souffre à double titre. Comme homme de foi, il sait que la chute morale de l’Occident entraînera le reste du monde. Comme ami de la culture européenne, il mesure l’étendue des dégâts. Car Mgr Sarah connaît particulièrement la France. Depuis une partie de son séminaire à Nancy, il sillonne le pays et ses abbayes, mais aussi sa littérature. Il cite largement dans son ouvrage Bernanos et récite Baudelaire.

C’est un homme étonnant, doux et paisible, parlant à l’encontre du monde moderne. Faisant écho à cette génération de catholiques identitaires qu’il évoque d’ailleurs avec bienveillance, les incitants à constituer des oasis de foi et à adopter des comportements prophétiques en vue des temps nouveaux.

Un ouvrage capital pour cesser de se bercer d’illusions stériles. La force de ce livre d’entretiens est de transcender nos angoisses et nos fureurs d’Européens conscients du désastre afin de nous conduire à agir dans la cité avec une foi fière, lucide et vraie. Duc in altum.

Par Sigisbert Clément, paru dans le quotidien « Présent » du 3 mai 2019

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